En 1568, le magistrat de Liège invite les armuriers d'Aix-la-Chapelle à venir enseigner dans la Principauté (Claude GAIER, Cinq Siècles d'Armurerie Liégeoise).
En général, on peut dater la création d'une usine à aléser les canons de fusil, par la demande d'un octroi de coup d'eau, celle-ci faisait toujours l'objet d'un acte écrit. Mais, on pouvait installer des machines (tour non hydraulique : en 1670 Léonard MATOULE canonnier aux Trois Chaines reporte sa forge contenant un forra; ou banc d'alésage hydraulique) dans une usine, sans être signalé par un acte quelconque, c'est le cas de l'usine citée ci-dessous :
dans « L'industrie métallurgique de la vallée de la Vesdre » Georges HANSOTTE écrit ... En 1612, à Prayon, la Chambre des Comptes de Liège avait accordé à David REMACLE (d'origine limbourgeoise, famille spécialisée dans l'industrie du plomb) un coup d'eau à prendre dans le canal de dérivation de la platinerie (alors indivisible entre Laurent BUTBACH et Toussaint ANCION) pour y construire une taillanderie. Cet établissement, dite « usine DAVID » fonctionna, probablement dès sa fondation comme usine à canons. Loué à Baudouin Hubert JACQUET en 1660, il comportait alors deux bancs de forage.
Cette taillanderie est considérée par l'auteur comme la plus ancienne usine à canons de fusil de la vallée de la Vesdre (les usines de GOFFONTAINE ne sont pas citées dans cet ouvrage).
Fabrication des canons de fusil à Goffontaine
La formulation « un tournoir pour besogner alentour » citée dans le contrat de 1578, indique que la fabrication de canons de fusil n'était pas prioritaire à cette époque.
Définition du tournoir placé dans l'usine le 27 avril 1578 :
Dans le dictionnaire de l'ancienne langue française de F. GODEFROY nous trouvons ceci : tournoir = tornoir = tour ... Les petites machines sont faites au tournoir, les grandes sont faites de métal fondu, par le labeur et opérations des moules faits de terre à potier, et après sont « accoustrées » et polies au tournoir (Le Blanc, 1556).
Dans, « Histoire générale des Techniques » sous la direction de Maurice Daumas, T. 2, Les XV et XVI siècles en occident, Le travail des métaux, p. 65, l'auteur écrit ... Le travail des métaux demeurait très difficile, non pas tant à cause du manque de machines qu'à cause de la faiblesse de l'outillage d'usinage qui aurait été indispensable. C'est ainsi qu'il n'existera pratiquement pas de machines à tourner les métaux avant l'extrême fin du XVIII siècle. La seule opération se rapportant à ces techniques est l'alésage des canons de bronze.
Le premier contrat, connu à ce jour, concernant la fabrication des canons de fusil à GOFFONTAINE est signé à Liège le 4 février 1673. Henry GRANDRY, beau-fils de Gillis HEUSE de Goffontaine, devra livrer à André GRISART (bourgeois de Liège) :
800 canons de musquet de quatre pieds de longueur, portant 12 balles dans la libure, semés, fourrés et marqués de sa marque, ledit Henry devra livrer davantage s'il lui est possible sans en vendre ailleurs pendant le présent contrat, à savoir 800 canons par mois, et ce pour le terme de quatre mois, au prix de 45 patars par canon.
L'usine de GOFFONTAINE était sans doute renommée pour ses canons puisque des Liégeois passent par le duché de Limbourg pour s'y approvisionner. Un tel contrat (800 canons par mois en 1673) suppose une importante main d'oeuvre qualifiée à Goffontaine. |