<  Fabrication des canons de fusil en damas et usine d'Henri Heuse


Références : Anciennes zones industrielles du Pays de Liège   C.H.Fléron 2000


Henri Heuse

Henri Heuse et Agnès Riga achètent l'usine à canons de Vaux-sous-Olne

26 septembre 1907 … Monsieur Charles CLEMENT, fabricant d'armes et sénateur, demeurant à Liège rue Forgeur, lequel déclare par ces présentes, vendre sous les garanties de fait et de droit, libres de charges hypothécaires, à Monsieur Henri HEUSE-RIGA, fabricant de canons de fusil, demeurant à Nessonvaux, à ce présent et acceptant :
   1. Une usine à vapeur et à eau, comprenant bâtiments, magasin, hangars, cour forge et dépendances, machine à vapeur et transmissions, l'ensemble mesurant 1517 m2, repris au cadastre sous le n° 108e A.
  2. Une maison, cour et dépendances de 150 m2, n° 106c section A du cadastre.
  3. Une maison, cour et dépendances de 100 ares et 24 centiares, n° 105c même section du cadastre.
Tous les dits biens situés au lieu-dit « En Vaux » au hameau de Vaux-sous-Olne, commune de Nessonvaux.
La présente vente est consentie et acceptée moyennant le prix de 20000 fr.

Industriel et marchand

L'équipe d'Henri HEUSE composée d'une centaine d'artisans, répartis dans l'usine et dans les 30 forges, était essentiellement axée sur la fabrication des canons en damas.
La plus grande partie de ces canons était vendue à la « Colt Fire Arms Co » d'Hartford. Son beau-frère, Gilles Joseph RIGA de Nessonvaux, qui s'était établi à Springfield aux Etats Unis d'Amérique, servait d'intermédiaire.
La Colt Fire Arms Co, qui a eu l'intention d'acquérir la « FN » en 1997, achetait les canons par 10000 ou 20000 exemplaires. Ces canons étaient fabriqués à Nessonvaux par HEUSE-RIGA et HEUSE-RIGA Fils, et à Jupille par LOCHET-HABRAN pour les canons percés dans la masse.

Consultez, ci-dessous, la lettre de Joseph Gilles Riga de Springfield.



<      Usine d'Henri Heuse, vue partielle

Portrait d'un patron hors normes

Patron, protestant, socialiste et fabricant de canons qui plus est, à une époque où la commune de Nessonvaux était divisée par les querelles religieuses et sociales, ont fait d'Henri HEUSE un personnage atypique.
Henri HEUSE était principalement populaire dans les milieux ouvriers de la commune de Nessonvaux.
Il était conseiller communal du parti socialiste belge, élu avec le nombre de voix le plus élevé du scrutin.
Cette réputation d'homme intègre et dévoué nous a été rapportée par beaucoup de personnes qui l'ont côtoyé, les discours prononcés lors de ses funérailles confirment celle-ci.
L'anecdote ci-dessous peut éclairer le personnage... Revenant de voyages d'affaires, il était accueilli à la gare de Nessonvaux par la fanfare municipale.

Henri Heuse

Extraits d'une lettre de Joseph, fils de Gilles Joseph Riga, à Léopold Heuse, fils d'Henri :

Springfield Mass. le 12 juillet 1951 ... j'ai calculé nos affaires depuis l'année 1890 et j'ai noté que nous avions acheté des francs pour la somme de 2.150.000 dollars que nous avons payé à Lochet, à mon oncle (Henri Heuse) et à Heuse-Riga fils. Je n'ai pas calculé les francs que nous avons reçu pour cette somme (d'après le Crédit-Communal de Bruxelles, cette somme correspond à 2.305.616.614 francs en 1993)... la Colt fire Arms Co de Hartford Con achetait les damas les plus chers comme les crollés et les damas turc à six lames. Lorsque les Allemands ont détruit la fabrication des canons damas, cela a été une calamité pour Nessonvaux. Mon papa est l'homme qui a acheté le plus de canons damas, il en a vendu plus, tout seul, que tous les autres ensemble. Ce sont les Riga qui ont mis le canon damas en force ici...

Décès des époux   Photos

Madame née Agnès RIGA en son vivant sans profession, épouse de monsieur Henri HEUSE, est décédée à Nessonvaux lieu de son domicile le 20 mars 1908.
Monsieur Henri HEUSE en son vivant maître d'usine à canons de fusil, domicilié à Nessonvaux veuf de dame Agnès RIGA, est décédé à Fraipont le 19 avril 1908.

« La Meuse » le 22 avril 1908 :
aujourd'hui mercredi a eu lieu, à Nessonvaux, l'enterrement de Monsieur Heuse-Riga, fabricant de canons et conseiller communal. Une foule considérable a accompagné le défunt jusqu'à sa dernière demeure. Plusieurs discours ont été prononcés. Monsieur Dumont, bourgmestre, ami de monsieur Heuse... Monsieur Delheid, président du syndicat des fabricants de canons de la vallée de la Vesdre...

Extraits du discours prononcé par monsieur J. Pockin, au nom du personnel :

Au nom des ouvriers de la firme HEUSE-RIGA, je viens douloureusement ému, m'incliner respectueusement devant le cercueil... C'est un livre où à chaque page sont inscrits les mots : Honneur et courage, travail, bonté, charité, abnégation, que la mort vient de clore et tous les ouvriers, dont monsieur HEUSE fut toujours l'ami et le bienfaiteur, perdent en lui, l'un de ceux dont les sages avis furent toujours précieux, la collaboration toujours dévouée, l'exemple si encourageant, si réconfortant pour nous tous.
Dès que, grâce à son travail personnel acharné, à un labeur assidu et de plusieurs années, à son intelligence des affaires, à la dignité prévoyante de sa vie, monsieur Heuse eut conquis la situation fortunée qui fut la sienne, il n'eut d'autre souci que de mettre son dévouement et sa générosité au service des travailleurs.
Sa réputation de patron honnête, laborieux, d'une moralité exemplaire, donnait à son nom une puissante autorité, tous nous l'aimions et le respections, voyant en lui la personnification du labeur récompensé. La loyauté impeccable de sa conscience le portait à chercher partout la justice, et sa bonté naturelle, sensible aux souffrances, l'avait particulièrement amené à se préoccuper de l'amélioration matérielle et morale de ceux qu'il employait...
Votre carrière a pris fin mais votre souvenir restera toujours présent à notre mémoire car vous fûtes pour nous un ami, un protecteur et un modèle.
Cher Monsieur HEUSE, nous vous adressons respectueusement le suprême salut d'adieu.
Le 22 avril 1908.