La tréfilerie et la platinerie de Goffontaine Liège début 17e siècle


Références : Anciennes zones industrielles du Pays de Liège   C.H.Fléron 2000
Auteur Georges Heuse


Aux 16e et 17e siècles, les usines de CLEUSEVAY-GOFFONTAINE employaient les nouvelles techniques venant d'Allemagne : les « rouleaux taillants » pour façonner les barres de fer en vergettes dans la fenderie, les filières pour transformer les vergettes en fil de fer, et le tour pour l'alésage des canons de mousquet. La platinerie contenait notamment deux gros marteaux.

En ce temps-là, les HEUSE (HOESCH) de Goffontaine avaient encore des liens familiaux et commerciaux avec l'Allemagne, notamment à Spire à Francfort et à Aix-la-Chapelle. À Maëstricht, avec Jacques Heuse. Ils étaient également propriétaires de bâtiments (qualification inconnue) près de Spire.
D'autre part, au 16e siècle, les HOESCH résidant en Allemagne détenaient une usine à cuivre sur la Johannisbach à Aix-la-Chapelle. Au 17e siècle, ils étaient propriétaires de deux usines sur la Vicht à Stolberg, le Jansmühle et la fenderie de Junkershammer (Cercle historique de Fléron, déc. 86), (H. F. MACCO, T. III).
La platinerie et la fenderie de 1578 sont dénommées platinerie et tirerie (tréfilerie) au début du 17e siècle. On peut se demander si l'emplacement d'une fenderie à cet endroit a été bien calculé, on connaît en effet les difficultés qui y furent rencontrées par le manque d'eau. La rentabilité était-elle meilleure en produisant du fil de fer et des canons de mousquet ?
Le changement de nom semble logique dans la mesure ou le tréfilage consistait à passer à chaud, dans une filière à trous ronds ou carrés, un métal réduit en vergette par l'action du laminoir de la fenderie.

Situées sous la juridiction du Duché de Limbourg, les usines de Cleusevay marquent les débuts de l'industrie métallurgique de transformation et de finition qui a fait la renommée de la vallée de la Vesdre.

Une constatation s'impose : les familles apparentées KEMERLINCK-HOESCH (HEUSE) d'Henri-Chapelle du Duché de Limbourg sont liées à l'histoire des toutes premières fenderies du bassin liégeois, les KEMERLINCK comme promoteurs, les HEUSE comme maîtres de fenderie.
Si l'on désire continuer les recherches afin d'éclaircir le mécanisme de la création de la fenderie, il faudra certes poursuivre l'investigation dans le duché de Limbourg, mais, sans doute, s'orienter plus particulièrement vers l'Allemagne.
Entre autres :
La technique du laminage était initialement employée pour le travail des métaux non ferreux. Dès lors, il faut penser à l'importante industrie des métaux non ferreux, notamment à Aix-la-Chapelle et à Stolberg, rayonnante autour des mines de zinc du ban de Fulkerich (Volkerich).
Ce n'est peut-être pas un hasard si les Limbourgeois ont introduit la fenderie dans notre région. Connaissant l'industrie allemande des métaux non ferreux et les techniques wallonnes dans le traitement de la fonte, ils avaient les données nécessaires pour améliorer la qualité des cylindres et les adapter, dès lors, à travailler le fer.
Le premier « maître de fenderie » de Cleusevay, Arnold HEUSE, devait nécessairement connaître ces nouvelles techniques avant de prendre la direction de l'usine.
Dans le contrat de 1578, Willem KEMERLINCK est qualifié de facteur et mambour de son frère Warnier, or celui-ci est marchand de fer et bourgeois de Spire en Allemagne. On pourrait supposer que les KEMERLINCK ont exporté la technique des « rouleaux taillants » à Goffontaine en 1578, puis à Trooz en 1583. D'autre part, les HEUSE de Goffontaine étaient propriétaires de bâtiments près de Spire.

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