LA FENDERIE DE GOFFONTAINE (1578)

LA FENDERIE et LE CHÂTEAU de TROOZ (1580-1583)

Les premières fenderies du bassin métallurgique liégeois


Références : Anciennes zones industrielles du Pays de Liège   C.H.Fléron 2000
Auteur : Georges Heuse


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Emplacement

Près de Louhau, une partie des eaux de la Vesdre s'enfonce dans les ro­ches pour resurgir au pied du massif de Cleusevay sous forme de ruis­seau. C'est à cet endroit, dans un des méandres de la rivière, probable­ment à côté de la caverne de Goffontaine que se situait l'usine. Les ro­ches de Cleusevay sont sur la rive droite de la Vesdre et en ce temps-là dans le duché de Limbourg.

Historique de 1573 à 1615

C'est à partir de 1573 que les documents permettent de suivre réguliè­rement l'évolution de cette usine. Dans le passé, Guillaume de Goffon­taine et son fils Gillez détenaient la forge en 1522 et 1549.
Le 9 juin et le 20 octobre 1573, PIROT, le forgeur de Goffontaine vend respectivement à Matherne FION de Marchez dessous Theux et à Laurent BUTBACH, bourgeois de Liège, les parts qu'il possédait sur la forge de Goffontaine.
Le 18 août 1576, Laurent BUTBACH et son beau-frère Matherne FION reportent les oeuvres d'une forge à platine, by, usine, place, ustensiles ou instruments situés à Goffontaine, au profit de Henry VOES bour­geois de Liège, habitant à Massures en ban de Theux.

Le contrat de constitution de la fenderie (1578)

Le 27 avril 1578, Henry VOES des Massures, reporta les oeuvres de la moitié des parts de la forge, usine ou fenderie avec toutes ses appendi­ces, située à Goffontaine, au profit de Willem KOULMONT (KEMERLINCK).
Témoins : Simon GESELLE, Jacques ANDRY, NIZET, Henry MAKI­NEAU et Cornel PIEROT.
Le jour même, Henry vendit audit Willem la moitié part de tous les ustensiles, hernaux, instruments tels que : églume, folx, marteau qui ap­partiennent à la forge, usine et fenderie.

Voici les extraits les plus intéressants de ce contrat :

Willem devra livrer dans les huit jours, deux milliers de longs fers et endéans deux mois encore un aultre et troisième millier.
Henry devra décompter hors de ce qu'il peut devoir à Warnier KOULMONT (KEMERLINCK), frère dudit Willem, la somme de 750 florins liégeois.
Henry sera tenu d'employer son industrie et science à l'endroit de ladite usine et instruments, tellement pour le faire besogner en toute diligence, aussi bien que s'il estoit sans aucun parchonnier, et que par lui rien ne manque, de quoi ne devra tirer aucun salaire ny gain. Aussi l'on ne devra à ladite usine entreprendre ni dresser aultre besogne ni invention que pour fendre et exten­dre le fer.


Il est expressément déclaré d'oultre que les affaires de ladite usine et fende­rie ne soy deveront deis à cest heure, tenir secrect ny cacher, en oultre, mais serat libre achacun desdits parchonniers de y franchement entrer regarder et adviser tout ce qu'il y aura, avec promesse dudit Willem de non le révéler à personne ny entreprendre semblable affaire à dix lieu près de ladite usine.


Davantage, pour plus promptement et mieux entretenir l'usine et instruments, en estre et à la besogne, est accordé de dresser audit lieu, un fourneau ou forge ordinaire, et à cela, mettre un oeuvrier cogniss pour journellement beso­gner s'il est nécessaire.
Ledit Willem devra de sa part parcourir et besogner le mieux possible pour avoir du fer à fendre, tant pour le fer qu'il fera lui-même oeuvrer à clous, ou le revendre fendu.
Pour entendu que ladite usine devra suivre les soufflets, églume et groux marteau et aultres pour platiner, que ledit Henry la pris et accensé de Laurent BUTBACH ou aultre sans rien réserver nommément, aussi y comprenant la poissonnerie, avec condition de s'employer à l'avancement de l'usine et coup d'eau.
Le marché des ustensiles et instruments entre eux fait et au-dessus dudit rendage, est compris un aultre groux marteau avec ses appendices.

Item un tournoir pour besogner alentour.

Si ledit Willem venait à renoncer au marché, ledit Henry devra faire restitution et paiement réel de tout ce que Willem y aura mis et employé.
Le 7 décembre 1580, Henry VOES dit de Lange, reporte sa part de la forge et usine de Goffontaine à Warnier KAMERLINGS.

Le 10 octobre 1582, Willem KAEMERLINGS de Henri-Chapelle, demeurant à présent à Fraipont*, a rendu en héritage à Warnier KAEMERLINGS, son frère, bourgeois de la ville de Spire en Allemagne, quatre parts qu'il avoit et possé­doit à la forge de Goffontaine, ensemble un certain pré dit la COUR LE MARCHAND, jondant en aval al place de ladite forge et la rivière de Vesdre.

* Le frère de Willem, Warnier KEMERLINCK est l'unique propriétaire de la double usine de Goffontaine, tandis que Willem achète des terrains à TROOZ, y fait ériger sa maison, puis une deuxième fenderie avec l'appoint de Servais HELLINCK et de Michel SELYS. (Cercle historique de Fléron, n° 2, 1987 p.2)

Certains KEMERLINCK se sentaient-ils menacés par la chasse aux sorcières faite à l'époque contre les réformés, en tout cas, ils dispa­raissent de la vallée de la Vesdre après 1583. Rappelons-nous, que, dans le contrat fait à Liège en 1568 entre les marchands de fer, on y envisage que Warnier KEMERLINCK « puisse être chassé de pays ».

Les Heuse dans les usines de Cleusevay

Warnier KEMERLINCK n'habite plus dans la région, il demandera au limbourgeois Arnold HEUSCH, son neveu, de gérer ses deux usines.
Le 16 août 1615, les enfants des défunts Warnier KEMERLINCK et Marie LE RIDEUR, en considération des services rendus par Gelis et à la charge à eux donné par leur mère et pour y satisfaire, cède à leur cousin et ami Gelis HUESSE (Gillis HEUSE), la forge, maison, édifice et une pièce d'héritage appelée la Cour Le Marchand, situés à Goffon­taine dans notre hauteur (Soiron). Haut

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